De San Pedro de Acatama (Chili) a Salta (Argentine) via le Paso Sico
Holà Holà,
Après avoir passé un bon petit séjour à San Pedro de Atacama, je suis parti tardivement du camping sans trop savoir ce qu’allait être ma journée en prenant la route vers le Paso Sico. J’ai fait une première pause dans le village de Socaire perdu au milieu de nulle part sur une route déroulant à l’infini, aux paysages grandioses de steppe jaunie et garnie de volcans. Sur la route, je croiserai de nouveau Denis qui revenait d’Aqua Calientes. Nous nous sommes rencontres exactement ou le soleil apparaît au zénith au moins une fois dans l'année, au Tropique du Capricorne. Denis fait route vers La Serena à la recherche de ces ancêtres. Nul doute que nous nous rencontrerons de nouveau. Je passerai également par Toconao pour remplir ma baudruche de 6 litres d’eau pour les 3 jours d’autonomie qui s’annonçaient. Petit bled avec des maisons en pierre volcanique et son église avec son joli petit clocher blanc séparé, sa charpente et escalier en bois de cactus. Enfin après une centaine de bornes je suis arrivé à Socaire ou j’ai séjourné derrière l’église en pierre taillée au toit de chaume et entourée de petites parcelles rectangulaires plantées de maïs. Dieu m offrira un petit café en me faisant bénéficier de l’électricité du presbytère pour ma résistance électrique. Le village était désert et pour cause d’un match de foot entre le Chili et la Bolivie, perdu 0-1 et qui fut une véritable catastrophe pour les chiliens amoureux du ballon rond.
La journée suivante fut de toute beauté avec la solitaire lagune Tuyauto aux eaux émeraudes (à l’altitude de 4090 m) et en fin de journée le superbe salar de Talar (appelé aussi Salar d’Aqua Calientes) ou je planterai ma tente à l’abri plus ou moins du vent dans un massif rocheux…j’y ai passé une très mauvaise nuit, car ça soufflait vraiment beaucoup et mes inquiétudes étaient grandissantes au fil des heures de me retrouver sans tente…
Ma dernière portion chilienne vers le Paso Sico (4450 m), offrant des paysages lunaires au passage a été éprouvante avec un vent violent omniprésent qui me poussera mais aussi me rendra fou sur les portions que j’effectuerai en marchant car il était tout simplement impossible de pédaler. La piste menant au Paso Sico était en effet en travaux m offrant ainsi des petites déviations bien sympathiques exposant ma monture au vent à décorner les bœufs.
30 km avant le Paso Sico, un bref arrêt au Campo Laco (baraquements de chantier) m’a mis un sacré coup au moral. Non seulement le doyen de ce campo ne m’a pas forcément réservé un bon accueil (je demandais simplement de l’eau, de l’électricité et un abri pour manger mes deux pains au miel – c’est à la fois peu et beaucoup quand la personne ne souhaite pas vous accueillir), il me fera savoir également que le Paso Sico était fermé avec de solides arguments a l’appui (vents violents, absence de passage de voitures de tourisme, de cyclistes, zones enneigées…)…Faiblement rechargé (plus de bouffe, eau non traitée), perte de mon compteur et d’une sangle, je repris la route par 3 km de montée avec un vent de face et le moral dans les chaussettes. Il m’a fallu la rencontre d’un routier et son camion-citerne pour me redonner espoir, ce dernier était convaincu que le col était ouvert et qu’il fallait m en assurer quelques km plus loin auprès des carabiniers chiliens au poste de contrôle. Au final, les informations du doyen s’avéreront fausses et j’effectuerai en sifflotant les 25 derniers km sur un mix de route récemment asphaltée et de piste bien damée. La journée d’effort a été récompensée par une nuit en dortoir au poste de contrôle chilien/argentin ou j’ai bien failli faire exploser le bâtiment mis à ma disposition avec une gazinière défectueuse au niveau de l’amenée principale du gaz.
Ma route après le poste de contrôle a été également très plaisante. Une piste de qualité moyenne m’a fait longer le long des salars de Rincon et Cauchari avant de descendre sur le village d Olacapato ou je logerai chez l’habitant au milieu des chiens, poules et moutons. J’ai été très touche par l’accueil de cette dame rencontrée à l’école de l’entrée du village et qui spontanément m’a proposé son hospitalité. J’ai pu nourrir les jeunes brebis au biberon (après les avoir laisses échapper de leur enclos), bénéficier de la cheminée pour faire cuire mes œufs, et prendre du café en sa compagnie en l’écoutant me décrire son dur quotidien. Le bonheur me paraît tellement simple au travers ces scènes mais elles reflètent une tout autre réalité pour ces villageois perchés a plus de 4000 m d’altitude et affrontant des hivers rudes. Dommage que je n’ai pas pu tenir de conversation avec son mari, il aurait fallu qu’il arrête de mâcher les feuilles de coca qui non seulement sont une catastrophe pour la dentition mais aussi franchement désagréable lorsqu’ on vient à discuter et observer cette pâtée verte mâchée qui laisse parfois échapper un fin filet de bave…
De ce village je suis parti pour une petite étape de 60 km en passant par un col a 4560 m que j’ai considéré comme le Mont Ventoux en l’ayant fait il y a quelques années avec toot s et ses vertes demoiselles…Le vent y était impressionnant, il me fera chuté deux fois alors que je prenais des photos. Certes, il m’a bien aidé sur une grande partie de la route, mais les ascensions et descentes de cols sont généralement composés de lacets et par conséquent sur quelques portions de routes non asphaltées j’en ai bavé …au village de San Antonio de Los Cobres je logerai derrière le commissariat de police dans un bâtiment abandonne et en attachant toot s a une carcasse de voiture abandonnée. J assisterai à un beau concert de chiens durant la nuit. Ce village ne présentait pas de gros intérêts, balayé par des rafales et me rendant encore plus crade par les jours précédents d’errance venteuse, je n’ai pas traîné dans ma visite touristique…J’y ai bu par contre ma première bière argentine – La Salta – manger du bon pain et du fromage pas mauvais.
Enfin il a fallu pour rejoindre Salta descendre de l’Altiplano que j’ai côtoyé depuis quelques semaines (de 4000 m à 1200 m d’altitude) …plus de 130 km de route noyée dans un brouillard de poussières (encore ce foutu vent qui me poursuivra, me poussera et me freinera) que j’effectuerai en 7 heures…Que du plaisir ! Suite à un gros mal de tête (vraisemblablement a un relâchement de la pression) mais aussi un surplus d’émotions, Je m’arrêterai une trentaine de km avant Salta au village de Campo Ouijano ou j’ai dormi dans mon premier camping municipal. Je goûterai également mes premiers empanadas argentins, mon premier vin argentin, participerai à ma première fête locale avec de très bonnes pâtisseries. J’ai découvert que les voitures françaises étaient très bien représentées dans cette partie nord de l’Argentine avec comme référence de très belles Renault 12…
Après avoir retrouvé des belles villas, des écrans de verdure, des perruches, etc. Je suis finalement arrivé à Salta avec ses rues commerçantes, ses grandes surfaces (Carrefour et autres magasins que j’adore.) et des prix similaires à ceux rencontrés chez nous ! Au programme visite de la ville, quelques petits achats pour la suite du voyage et coupe de cheveux gratuite pour Francky qui a servi de modèle pour une jeune coiffeuse – un premier passage aux ciseaux puis « passas la machina numéro 1 » - un véritable spectacle pour le salon de coiffure avec mon visage contrasté (bronzé jusqu’ à quelques cm au-dessus des sourcils et ensuite un beau crane blanc).
La suite du programme est relativement simple : manger beaucoup, éviter de porter une casquette pendant quelques jours et surtout rejoindre en quinze jours San Juan au Sud de Salta ou j’effectuerai mon deuxième woofing d’un mois dans une ferme viticole (http://www.altabonanza.com/) puis de nouveau une expérience d agroécologie de 3 semaines au sud de Mendoza dans une exploitation agricole – finca Pagliafora - http://www.porlatierra.org/casos/61 …je reprendrai la route debut décembre pour le Chili.
En attendant, j emprunterai ces prochains jours la route 40 avec au programme des belles petites excursions et notamment la route des vins, le parc naturel de Talampaya, le parc naturel de la vallee fertile, etc…des nouvelles a l’issue de cette balade et mon arrivée sur San Juan.
Hasta luego..Merci pour vos commentaires.
Francky, toot s et ses vertes demoiselles…